Evolution du projet
Le projet initial de MontpeLLia était de préserver une présence citoyenne et logiciels libres au sein du cluster IA-MED. La réflexion nous a montré que l'IA telle qu'elle était introduite aujourd'hui, se divisait en deux : l' marché et le citoyen. Et donc que le besoin était de les mettre en synergie d'une manière citoyenne plus profonde que celle du seul marché.
Introduction de la notion d'otium
La notion du droit gréco-romain d'"otium" (scholé en grec) nous est alors devenue claire en tant que préoccupation gratuite, paisible et personnelle de l'intérêt commun, ayant pour opposé le "nec-otium" (le négoce, le marché).
Il émerge en tant qu'"otium civis", dans le schéma d'anthropologie paradigmatique actuel qui fait bénéficier l'humain des propriétés du maillage des choses et des relations entre elles (diktyologie, du grec diktyo, maillé). Et dont des preuves de concepts nous sont le holisme scientifique et organisationnel, l'internet et le maillage profond de l'IA.
La prise de conscience politique des moyens de l'otium
En 2005, l'Engagement de Tunis du Sommet Mondial pour la Société de l'Information, commençait ainsi :
- 1 Nous, représentants des peuples du monde, sommes réunis à Tunis du 16 au 18 novembre 2005 pour la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) dans le but de réitérer notre soutien sans faille à la Déclaration de principes et au Plan d'action adoptés à l'issue de la première phase du Sommet mondial sur la société de l'information à Genève, en décembre 2003.
- 2 Nous réaffirmons notre engagement et notre détermination à édifier une société de l'information à dimension humaine, solidaire et privilégiant le développement, conformément aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies, au droit international et au multilatéralisme et tout en respectant pleinement et en soutenant la Déclaration universelle des droits de l'homme afin que chacun puisse, partout, créer, obtenir, utiliser et partager l'information et le savoir pour ainsi réaliser l'intégralité de son potentiel et pour atteindre les buts et les objectifs de développement arrêtés à l'échelle internationale, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement.
- 3 Nous réaffirmons l'universalité, l'indivisibilité, l'interdépendance et l'interaction de tous les droits et libertés fondamentales de l'homme, y compris le droit au développement, comme cela est proclamé dans la Déclaration de Vienne. Nous réaffirmons aussi que la démocratie, le développement durable et le respect des droits et des libertés fondamentales de l'homme, ainsi que la bonne gouvernance à tous les niveaux, sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Nous sommes résolus par ailleurs à renforcer le respect de la primauté du droit dans les affaires internationales comme dans les affaires nationales.
La prise de conscience scientifique de la réalité actuelle de l'otium
Le S7, sommet des académies des sciences des pays du G7, a rendu compte à ses gouvernements en 2019, de ce que la science citoyenne, donc l'otium civis, définie comme étant « la science menée par des citoyens qui ne sont pas des scientifiques professionnels évolue rapidement, du fait de la démocratisation du savoir, de l'avènement des nouvelles technologies de communication, et d'un accès plus ouvert à l'information que dans le passé.»
Elle est à deux niveaux :
- Une première composante de la science citoyenne du XXIe siècle est la « recherche participative » qui existe depuis longtemps. La recherche participative est effectuée par des personnes ayant reçu une formation scientifique initiale limitée, et qui participent à des projets de recherche animés par des experts qualifiés. Elle prend aujourd'hui la forme de nombreux projets à travers le monde, impliquant des millions de personnes et des milliards de données collectées.
- Une deuxième composante de la science citoyenne qui a émergé au XXIe siècle implique des personnes ayant reçu une solide formation scientifique de base, mais qui exercent leur activité scientifique en dehors des murs des systèmes de recherche professionnels. Ces personnes pratiquent la science dans des communautés virtuelles, publiques ou privées ou dans des installations privées. Cette catégorie de science citoyenne est nommée ici « recherche hors-murs »
À l'ère d'Internet, la valeur potentielle de ces approches de recherche est élevée :
- la recherche participative peut contribuer à améliorer la compréhension qu’a le public de la science et de la méthode scientifique, et peut donc jouer un rôle dans la démocratisation du savoir et de l'apprentissage.
- La recherche hors-murs fournit l’opportunité de faire progresser les connaissances et l'innovation d'une manière qui était auparavant inaccessible aux organismes de recherche universitaires, gouvernementaux ou industriels, et constitue une occasion - largement utilisée par l'industrie - de découvrir des individus talentueux en dehors du système de recherche standard
La prise de conscience légale de la réalité actuelle de l'otium
La convention du 17 octobre 2003 de l'Unesco, ratifiée in extenso en droit français par la loi du 5 juillet 2006, porte sur la (a) la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ; (b) le respect du patrimoine culturel immatériel des communautés, des groupes et des individus concernés (c'est-à-dire de l'ensemble de l'otium civis moderne) ; (c) la sensibilisation aux niveaux local, national et international à l’importance du patrimoine culturel immatériel et de son appréciation mutuelle ; (d) la coopération et l’assistance internationales.
Ce "patrimoine culturel immatériel", y est légalement défini comme : "les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine."
Attention : le texte de l'Unesco date de près de 20 ans. Il donne des exemples de domaines dans lesquels se manifeste notamment le patrimoine culturel immatériel. Il convient de considérer l'exemple des "connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers" pour entendre qu'il porte sur l'ensemble de ce qui peut être connu et pratiqué.
Prise de conscience associative de la réalité actuelle de l'otium montpellierain
Nous avons alors compris que le déploiement harmonieux de l'"augmenté" appelait une coopération multilatérale des "parties-prenantes" (localité, métropole, gouvernements, société civile, industries, organisations internationales) où nous devions avoir notre place autonome, en tant qu'otium collectif et otia individuels de la glocalité montpelliéraine, dans le respect des positions prises par la Métropole, le Département, l'Etat, l'Europe et le Sommet Mondial à venir (fin mai 2024).
L'une de nos premières tâches, outre de nous réunir entre nous, sera d'identifier nos interlocuteurs (autorités, services, archives, Wikipédia, chercheurs et développeurs, etc.) et de comprendre nos situations respectives vis-à-vis des nouvelles implications nées de l'otium citoyen, et de notre large intérêt pour l'"augmenté".