MLIA - Science et Recherche Citoyennes

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La présentation conventionnelle de la « science citoyenne » telle que popularisée par les institutions européennes ou anglo-saxonnes (notamment les rapports des années 2000–2010) est centrée sur la participation contributive de non-professionnels à des protocoles conçus et pilotés par des chercheurs institutionnels.

Or, à partir de 2019, plusieurs rapports académiques et politiques ont précisé que la recherche citoyenne ne se limite pas à un simple prolongement contributif, mais comporte deux niveaux distincts :

  • La recherche participative (souvent appelée citizen science au sens restreint) :
  • Elle désigne l’intégration des citoyens dans des protocoles établis par des équipes institutionnelles.
  • Les citoyens sont contributeurs de données, de validations ou de traitements, mais l’orientation de la recherche demeure académique.
  • C’est cette forme qui reste dominante dans les plateformes participatives et dans la vision des agences de financement.
  • La recherche hors murs (extra-muros research) ou recherche citoyenne autonome :
  • Elle correspond à l’initiative directe de chercheurs non rattachés institutionnellement, de collectifs civiques, de communautés locales ou de praticiens experts par expérience.
  • Ces acteurs définissent leurs problématiques, leurs méthodologies et leur diffusion indépendamment des priorités institutionnelles.
  • Elle est considérée par plusieurs académies comme un apport essentiel : elle peut faire émerger des approches épistémiques originales, des corpus non accessibles aux institutions et des modes de validation alternatifs.

Cette distinction est désormais reconnue comme structurante. Plusieurs publications et recommandations (notamment la Déclaration du G7 Science 2019 et les rapports de la Global Citizen Science Partnership) ont affirmé qu’il s’agit d’un véritable quatrième pôle de la recherche humaine, aux côtés :

  • de la recherche institutionnelle ou parapublique,
  • de la recherche académique,
  • de la recherche industrielle.

Ce « quatrième pôle » est jugé indispensable pour :

  • renforcer la pluralité des approches scientifiques,
  • favoriser l’innovation épistémologique,
  • accompagner la transition numérique et l’appropriation de l’intelligence artificielle,
  • garantir une équité d’accès aux moyens et à la reconnaissance scientifique.


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Recherche citoyenne

La recherche citoyenne désigne l’ensemble des activités scientifiques menées ou co-menées par des personnes ou collectifs extérieurs aux institutions académiques, en interaction variable avec celles-ci. Depuis la fin des années 2010, elle est reconnue comme comportant deux dimensions principales :

  • La recherche participative, qui intègre des citoyens dans des projets institutionnels.
  • La recherche hors murs, qui relève de démarches scientifiques autonomes initiées par des citoyens, experts d’usage, praticiens indépendants ou chercheurs hors statut.


Définition et typologie

Selon les déclarations conjointes des Académies des sciences des pays du G7 (2019, 2023), la recherche citoyenne se distingue en deux niveaux :

  • Recherche participative (participatory citizen science)
  • Les citoyens contribuent à la collecte de données, à la validation, ou à l’analyse dans des projets définis par des chercheurs institutionnels.
  • Exemples : observation de la biodiversité, relevés météorologiques, annotation de corpus.
  • Recherche hors murs (extra-muros research)
  • Les citoyens, praticiens, collectifs ou chercheurs autonomes définissent eux-mêmes les problématiques, les méthodologies, les financements et les modes de publication.
  • Cette recherche peut inclure : la constitution d’archives indépendantes, la formalisation de savoirs expérientiels, le développement de méthodes originales hors des standards académiques.

Les rapports récents insistent sur le fait que la recherche hors murs n’est pas un prolongement mineur : elle constitue un pôle scientifique à part entière, disposant de logiques et de légitimités spécifiques.

Importance stratégique

L’essor de la recherche citoyenne et hors murs correspond à plusieurs tendances :

  • Numérisation des savoirs : les outils numériques permettent à des collectifs indépendants de produire des corpus scientifiques comparables aux standards institutionnels.
  • Exigence d’appropriation démocratique : la science hors murs participe à la souveraineté cognitive des sociétés civiles.
  • Innovation épistémique : certaines approches (par exemple en épidémiologie participative, en observation environnementale locale ou en humanités numériques) ont émergé hors des cadres académiques.

Recherche citoyenne et intelligence artificielle

L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) accentue la place de la recherche citoyenne :

  • La production de corpus par des collectifs hors murs constitue une source précieuse pour l’entraînement d’algorithmes.
  • L’analyse critique des modèles d’IA suppose la participation de communautés indépendantes capables de contester ou d’enrichir les référentiels.
  • Le développement d’usages situés de l’IA (par exemple dans les communs numériques, l’agriculture, la santé communautaire) se nourrit de recherches citoyennes hors institutions.

En ce sens, la recherche citoyenne – et plus spécifiquement la recherche hors murs – contribue à la constitution d’un écosystème scientifique pluraliste, garant d’une appropriation responsable de l’IA.

Reconnaissance institutionnelle

Depuis la fin des années 2010, de nombreuses instances académiques reconnaissent la nécessité de traiter la recherche hors murs à égalité de considération avec les autres formes de recherche :

  • Déclaration du G7 Science 2019 : « La recherche citoyenne, y compris ses formes hors murs, est un composant essentiel du progrès scientifique et de l’innovation démocratique. »
  • Recommandations de la Commission européenne sur l’Open Science : appel à soutenir les initiatives indépendantes.
  • Travaux de la Global Citizen Science Partnership : définition de standards méthodologiques adaptés aux recherches autonomes.

Ces textes posent la recherche hors murs comme un quart-pôle scientifique, porteur d’innovations épistémiques et d’un renouvellement des relations entre science et société.