MLIA - l'Agorique
L’agorique désigne ce qui relève des principes, structures ou dynamiques du commun humain (par exemple : marché, agora, forum), considérés comme des espaces de coordination distribuée entre acteurs autonomes.
Le terme provient du grec ancien agora (ἀγορά), désignant la place publique où se réunissent les citoyens pour échanger des biens, des idées ou des décisions. Repris dans plusieurs champs contemporains — informatique, économie, philosophie politique, recherche hors murs — il qualifie les dispositifs ou architectures décentralisées, où l’ordre émerge des interactions multipositionnelles, non hiérarchiques, souvent incitées ou auto-organisées.
Usages contemporains
- En informatique distribuée : architectures agoriques (Drexler, Miller), marchés computationnels.
- En science politique : lieux de délibération publique sans autorité centrale.
- En philosophie sociale : formes de pensée collective non totalisante, ouvertes à la diversité des logiques.
L’agorique désigne ce qui relève des principes, structures ou dynamiques du commun humain (ex. marché) comme espace de coordination distribuée entre acteurs autonomes. Le terme, dérivé du grec agora (la place publique, le lieu d’échange), a été repris dans le champ informatique, économique et philosophique pour qualifier :
1. Sur le plan technique
Dans la lignée des Agoric Papers (Drexler & Miller, 1988), le terme désigne :
- Un modèle de programmation distribué fondé sur des interactions entre agents logiciels autonomes, incités et coopérants via des mécanismes de marché (enchères, négociation, attribution dynamique des ressources).
Cela s’oppose aux architectures centralisées : ici, les règles sont locales, les interactions émergentes, la coordination décentralisée.
2. Sur le plan philosophique et politique
Par extension (notamment chez Jean Baechler), l’agorique peut désigner :
- Une forme d’espace public discursif où des positions multiples, fondées sur des logiques distinctes, sont mises en contention, débattues, et éventuellement harmonisées.
Ce champ rejoint l'usage dans l’agorie comme lieu de la pensée multipositionnelle et de la raison diktyologique. Cette formulation est à la fois claire, cohérente et conceptuellement fondée.
3. Sur le plan citoyen
L'émergence de la science citoyenne résulte de la capacité de débat partagés sur des agoras virtuelles citoyennes en ligne (agories), de la capacitation technologique des citoyens rendus pratiquement capables d'y participer et d'obtenir de façon ouverte les apports de l'augmentation intellectuelle.
L’agorie comme lieu de la pensée multipositionnelle et de raison diktyologique, réclame une programmation multiacteur en colligence
- le caractère ouvert et plural de l’agorie (pensée multipositionnelle) ;
- l’ancrage dans une épistémologie de la liaison entre logiques (raison diktyologique) ;
- sans présumer d’un résultat unifié, mais en soulignant l’espace de tension, de débat, et de maillage rationnel.
1. Pensée multipositionnelle
Chaque acteur (individu, groupe, agent IA) entre dans l’agorie porteur d’un mnème (une mémoire structurée, une position élaborée) — il ne s’agit pas de juxtaposition d’opinions, mais d’une co-présence raisonnée de logiques différenciées.
2. Raison diktyologique
Ce n’est pas un débat dialectique, mais un tissage logique : les positions sont mises en réseau, articulées, confrontées selon une logique de maillage plutôt que de domination.
3. Programmation multiacteur
Sur le plan computationnel, cela suppose :
- des agents autonomes (humains, logiciels, collectifs) ;
- des protocoles d’interaction non hiérarchiques ;
- une forme d’émergence régulée.
4. Colligence
La colligence désigne ici l’intelligence conjointe sans centralisation, où la solution ne préexiste pas, mais émerge de la coordination :
- « Colligere », c’est rassembler, mais en maintenant l’autonomie des parties. L’agorie, ainsi conçue, devient un espace de co-réflexion augmentée, propre à la co-noèse.
L’agorie suppose et appelle une programmation multiacteur en colligence, au sens d’un système ouvert à l’interaction de logiques multiples, coordonnées non par un centre, mais par une architecture de partage, de reconnaissance mutuelle et d’alignement dynamique.
Synthèse intellitique
Dans une perspective intégrant IA et pensée humaine :
- L’agorique est ce qui permet intellectuellement et informatiquement la co-présence et l’interaction réglée de plusieurs logiques distinctes (agories), qu’elles soient humaines ou machinées, individuelles ou collectives, orientées vers une forme d’émergence commune, mais sans centralisation.